Blog Page & Plume

QUE S’EST-IL PASSÉ À MUNICH LE 19 SEPTEMBRE 1931 ?

Ce roman de Fabiano Massimi nous entraîne à Munich, capitale de la Bavière, à une époque déjà lointaine et cependant si proche encore, très précisément le samedi 19 septembre 1931. L’Oktoberfest où la bière coule à flot bat son plein. Le commissaire Sauer prend son petit déjeuner sous un kiosque du marché aux victuailles, il n’est pas pressé. Très tôt il y est rejoint par son adjoint, Helmut Forster qui s’invite à sa table.

Deux personnages très différents, mais qui se complètent, c’est sans doute pour cela qu’ils font souvent équipe et sont devenus amis. Le premier célibataire, discret, plutôt frugal, mais grand et blond, l’incarnation « de l’idéal nordique ». Le second plutôt de type méditerranéen, lui venant à l’épaule, marié et d’un appétit…

Tous deux sont de permanence et espèrent que cette permanence sera aussi calme qu’à l’ordinaire avec des affaires banales et sans difficulté : ivrognes, querelles de voisinage… en général les gens « préfèrent s’entre-tuer en semaine, le samedi et le dimanche on se repose »…

Oui, sauf que le Commissaire Central les attend avec impatience et leur annonce, visiblement mal à l’aise et tournant un peu autour du pot, qu’on a découvert ce matin le cadavre d’une jeune femme de 23 ans, dans une mare de sang, un pistolet à proximité, dans un immeuble cossu de la Prinzregentenstrasse (la rue du Prince Régent), chez un homme qui commence à se faire un nom… Il faut pour éviter tout scandale, l’enquête doit être close dans la journée ! Curieux et bien court pour une mort violente, à moins que…

Le cadavre n’est autre que celui d’Angela Raubal, nièce d’Adolf Hitler qui en est le tuteur légal et vit sous son toit ! Débute alors une passionnante enquête à rebondissements multiples, avec une plongée dans l’entourage sinistre de celui qui aspire à devenir Chancelier d’Allemagne, lequel sera lui-même interrogé. Un monde de psychopathes cyniques, fourbes et dangereux, avides de pouvoir, cherchant pourtant à faire bonne figure en s’attendrissant sur le sort de l’angélique nièce du Führer, dont la personnalité semble détonner au milieu de tout ce monde implacable.

Cette mort violente, qui officiellement a toutes les apparences d’un suicide est historique et avérée. Les personnages rencontrés dont Hitler et les principaux dignitaires nazis sont bien réels, ainsi que l’entourage immédiat (gouvernante, intendant, concierge, sous-locataire, chauffeur…), de même pour le contexte politique, les témoignages, les déclarations à la presse, documentés à partir notamment des archives de la police munichoise.…

L’enquête a effectivement été confiée aux commissaires Sauer et Forster, mais comme on ne sait rien d’eux et de leurs carrières, Fabiano Massimi conserve leurs noms, leur invente des prénoms, des personnalités différentes… Nous les suivons jour par jour, du 19 au 25 septembre 1931, principalement à Munich, mais aussi Vienne ou les rives du Tegernsee, avec suffisamment de descriptions et d’indications pour que les lieux vous deviennent familiers ou le redeviennent si vous-mêmes y avez séjourné, ce qui ne gâche rien.

Bref, un roman passionnant, haletant à lire sur une affaire « délicate, en un lieu délicat, à une époque délicate » qui peut-être aurait pu changer le cours de l’Histoire…

LIBRAIRIE DOUCET LE MANS/Hubert

L’ange de Munich – 557 pages en grand format – prix : 21,90 € (parution : 02/03/22) – ou en poche 672 pages -(à 9,20 €) Traduit de l’italien par Laura Brignon.

Fabiano Massimi est écrivain italien, né en 1977, lauréat du prix Tedeschi en 2017 – Il vit à Modène. Après des études universitaires à Bologne, il est devenu bibliothécaire à Modène. « Les Démons de Berlin » est son précédent ouvrage.