LA FILLE A HISTOIRES
Irène FRAIN sera l’invitée de la Librairie Doucet le Samedi 16 Décembre à 17 H. Habituée des lieux et surtout des lecteurs, sa dernière venue fut pour « Marie Curie prend un amant » (2015).
Le livre précédent a son importance ici car il concernait son père dans « Sorti de rien »(2013). « La fille à histoires », est aussi un récit autobiographique, cette fois-ci dépendant principalement de sa mère et je crois l’avoir encore plus apprécié que le précédent.
« Comment en suis-je venue à écrire, dans un milieu qui vouait un respect infini aux livres mais entourait l’écriture de terreur, voire d’interdit. Quand s’est produit le déclic et pourquoi ?
J’ai fini par trouver la réponse. Ma mère est la mère de mes histoires. Ma mère qui ne m’aimait pas. Ce n’est pas qu’elle ne voulait pas, elle ne pouvait pas. »
Vous l’avez compris, elle a un secret cette mère. Il est bien caché et quand elle raconte des histoires la petite Irène est suspendue à ses lèvres car peut-être apprendra-t-elle ainsi des bribes de SON histoire.
La petite fille se construit comme elle peut avec cette mère non-aimante et qui lui préfère ses deux sœurs aînées, la Sœur-Souveraine et la Sœur-Modèle ! Elle aussi elle se raconte des histoires mais quand elle veut les écrire, c’est INTERDIT ! Ce fut le cas pour le livre « Secret de famille » paru en 1989 et dans lequel elle ne racontait rien d’important puisqu’il s’agissait d’une fiction.
Mais Irène Frain est une « vivace » et elle s’est rebellée et s’est inventé des mondes. Tant mieux pour nous, lecteurs.
Ce ne fut pourtant pas toujours facile quand vous entendez des mots blessants ou des phrases derrière la porte : « Celle-là, de toute façon, elle sert à rien dans la maison, je ne sais pas ce qu’on va en faire avec son visage ingrat et sa tête en lame de couteau, on n’arrivera même pas à la marier… » Irène a eu mal mais n’a pas pleuré. Elle a tout gardé pour elle.
Il y eut de bons moments cependant et Irène Frain n’en a pas voulu à sa mère car elle a fini par connaître son secret ainsi que celui du choix de son prénom, Irène.
Ce livre est écrit sans pathos, je parlerais plutôt de légèreté, du moins apparente. La vie est difficile, l’espace familial est bien trop étroit pour la future écrivaine. « Rudesses et merveilles, austérité et truculences », c’est l’éditeur qui le dit. » La vie est là ». Irène Frain a toujours redressé la tête et derrière la légèreté voulue il y a beaucoup de profondeur.
« Ce livre est lui-même une histoire, le récit d’un double combat ; celui que j’ai mené pour briser le tabou familial d’écriture. Et l’autre, le plus incertain : par mes histoires, me faire aimer d’une mère qui ne m’aimait pas. »
Un très beau récit qui ne peut que toucher le lecteur.
Marie-José/M-Christine
La fille à histoires -272 pages – Prix : 18 €