le violonistePRIX DES LECTEURS  Sélection 2016  –

GRAND PRIX des lectrices ELLE

« Si ta parole n’a pas de valeur, ta vie non plus » (p.227)

Un vrai cauchemar ! Des moments que nul ne souhaiterait vivre…

Dans la salle de concert, en ce jour de mai 1948, Ilia Vassilievitch Grenko, grand musicien, violoniste de renommée, joue le « Concerto pour violon en Ré majeur » de Tchaïkowsky. Le concert s’achève ! Grenko est ovationné par le public. Heureux, il quitte la scène tenant fermement son violon à la main : un Stradivarius que le Tsar Alexandre II, a offert à son arrière-arrière grand-père, également célèbre violoniste, et dont il a hérité.

Alors qu’il regagne sa loge, deux hommes du KGB font irruption et l’enlèvent sous le seul regard du portier. Il est conduit directement à la Loubianka, repère de la police secrète.

Pourquoi ? – Qu’a-t-il fait ? – Il ne comprend pas, c’est sûrement un malentendu !..Les types du KGB ne veulent rien savoir et ne l’autorisent même pas à parler à sa femme qui l’attend dans la salle. Accusé de qui ? de quoi ? On ne l’écoute pas. Il sera violenté. Son Stradivarius sera confisqué et l’on exigera de lui des aveux écrits – de faux aveux- qu’il signera malgré lui, afin de protéger Galina, son épouse et ses deux garçons.

Nous suivrons Grenko condamné au goulag : 20 ans de travaux forcés,  ainsi que Galina et ses deux fils envoyés de force au Kazakstan, croyant que Grenko les avait abandonnés…

Qu’est-devenu l’inestimable et magnifique Stradivarius de Grenko ? C’est Sacha Grenko vivant en Allemagne, petit-fils d’Ilia et de Galina qui, deux générations plus tard partira sur les traces de sa famille et se chargera de mener l’enquête pour tenter de découvrir quel a été le destin de ses proches, rêvant de tenir entre ses mains le précieux instrument lié à sa famille depuis des générations.

Sur l’histoire de sa famille, il découvrira ce que le régime totalitaire leur a fait subir durant les heures les plus sombres de ces années soviétiques, la dureté du goulag, la brutalité, la déchéance, la honte :  à la réalité inhumaine  du régime bolchévique et stalinien.

Une histoire captivante à trois voix – trois récits qui s’alternent lors de courts chapitres : celui du grand-père, le violoniste qui tient le coup uniquement en pensant chaque jour à sa famille, à ses enfants, à  la musique, à sa musique ! – celui de Galina, la grand-mère qui se tue au travail pour nourrir et vêtir ses enfants avec pour seul espoir : retrouver son mari – puis celui de Sacha (plus ou moins aidé par les Vory v Zakone, la mafia de l’ex-URSS) qui plus tard mènera son enquête un peu rapide, alors que l’installation des premiers chapitres est plus longue, plus lente à se mettre en place.

Un roman noir terrible et saisissant, permettant de découvrir l’aspect concentrationnaire de l’ex-URSS qui fait encore et toujours froid dans le dos, que les moins de 30 ans devraient aborder si les pavés de Soljenitsyne les rebutent !

On ne sort pas indemne de ce roman historique bien documenté et bien construit.

Marie-Christine

Mechtild Borrmann est née en 1960. Elle a déjà publié cinq livres en Allemagne dont « Rompre le silence » premier roman traduit en français aux Editions du Masque en 2013

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