Ah ! Qu’il est difficile d’accepter son âge quand on a soixante ans !
Soledad, sexagénaire, célibataire, sans enfant, blonde, très élégante, soucieuse de son physique et de son apparence, se trouve confrontée à la peur de vieillir. Elle est obsédée par la hantise de ne plus séduire, de ne plus pouvoir faire l’amour, par la peur de la mort et du temps qui passe… Soledad multiplie les amants, toujours plus jeunes !
C’est avec un certain humour, un brin d’ironie qu’elle décrit toutes ses craintes, face aux changements physiques, aux grands bouleversements qui apparaissent au fil du temps.
Pour se venger et rendre jaloux son ancien amant (Mario) qui vient de l’abandonner pour une femme plus jeune, enceinte de celui-ci, Soledad s’offre (600 € la soirée !) un escort boy de 32 ans, un jeune et beau russe afin d’assister à une représentation à l’Opéra. Seulement, après avoir satisfait sa vengeance à la sortie de l’Opéra, (aux bras de son gigolo) s’ensuivra un évènement inattendu et violent qui bouleversera la situation et marquera le début d’une relation assez particulière.
Soledad, est peut-être terrorisée par la peur de sombrer dans la folie, comme sa sœur jumelle prénommée Dolorès, folie qui l’a conduite en milieu psychiatrique, suite à un chagrin d’amour et d’un délire. Quant au passé de la narratrice, il fut peu mirobolant, confrontée à un abandon de son père et une mère maltraitante. Affublées de ces deux prénoms : « Soledad » comme solitude » et « Dolorès » comme douleur » ne sont-ils pas prédestinés ?
Cependant, Soledad exerce un métier culturel qui la passionne. Commissaire d’exposition, elle organise une manifestation autour des « écrivains maudits » pour la Bibliothèque nationale. Ainsi, elle intègre dans son roman quelques clins d’œil au monde de la littérature (qu’elle mettra en avant dans son exposition), au monde du 7ème art et de la musique. Puis peu à peu, l’auteur se met elle-même en scène. « Le récit de son aventure se mêle aux histoires des écrivains maudits. »
Une intrigue touchante vous attend ! Du suspens en fin de roman !
Mais, n’en disons pas plus car, en postface :
Rosa Montero s’adresse directement au lecteur, et lui exprime une demande claire : « Cher lecteur, j’aimerais te demander un service. La tension narrative de ce roman repose sur (…) C’est pourquoi je te prie de ne pas révéler (…) car si on le raconte, le rythme et le mystère du texte tombe à l’eau. Un grand merci. »
« LA CHAIR » est un roman très féministe, sur l’âge, le désir, l’amour, la folie, la mort ! De nombreuses pistes de réflexion autour de ce livre.
Un roman plein de surprises aussi !
Marie-Christine
« La chair » Rosa Montero, traduit de l’espagnol par Myriam Chirousse – Prix : 18 euros
Rosa Montero est née à Madrid. Après des études de journalisme et de psychologie, elle entre au journal El Païs où elle est chroniqueuse. Elle est l’auteur de nombreux romans, essais et biographies parmi lesquels : « La fille du cannibale » – « Le Roi transparent » – « L’idée ridicule de ne plus jamais te revoir ».