ODE À LA NATURE !
Ce roman signé David Malouf « L’infinie patience des oiseaux » fut publié en Australie pour la première fois en 1982 -(première traduction en France de ce livre, édité en Australie voici 36 ans !!!.) –
C’est seulement début 2018 qu’il nous parvient. C’est une découverte, celle d’un style très sobre, d’un vocabulaire très riche et précis mais également celle d’un poète.
Ashley Crowther, 23 ans, a fait ses études en Angleterre et en 1914 il revient en Australie pour s’occuper de l’immense propriété héritée de son père.
Jim Saddler n’est pas du même milieu, un peu « à la dérive ». Et sur ces mêmes terres il observe les oiseaux, il a 20 ans. Les deux jeunes gens se rencontrent et découvrent qu’ils ont la même passion pour la faune sauvage de l’estuaire et des marais. Ashley demande à Jim de travailler pour lui pour « créer un sanctuaire destiné aux oiseaux migrateurs ». C’est le bonheur pour Jim qui observe tous ces oiseaux à la jumelle, les note, les décrit en s’émerveillant de la carte inscrite dans leurs petits cerveaux pour se rappeler « les routes célestes qui les font migrer ».
Grâce à David Malouf nous apprenons à connaître « l’oiseau-dollar » ou « rolle oriental » qui vient des Moluques… ou encore ces petits « chevaliers sylvains » qui viennent pour la plupart d’entre eux de l’Asie ou de la Scandinavie… poitrine et flancs rayés, ventre blanc, pattes jaunes, le long bec explorant une flaque d’eau en quête de nourriture, soulevant la tête de temps à autre pour émettre ce cri singulier sur trois notes… la cervelle minuscule […] conservait-elle, dans ce petit œil, quelque image du plus vaste monde, en sorte qu’elle pouvait dire « J’étais là-bas ? »… Des énumérations et descriptions magiques.
C’est toute cette première partie qui donne son titre au livre « L’infinie patience des oiseaux » car pour voir et entendre le rossignol il faut aller en Europe.
Et en Europe ils y vont Ashley et Jim parce c’est la première Guerre mondiale dans laquelle ils s’engagent.
Là, ce sont d’autres mots, d’autres énumérations, mais elles expriment la souffrance, les douleurs, l’horreur des tranchées, les blessés, les morts… et même si c’est dur, violent, cela reste beau grâce à la prose de l’auteur. De temps en temps les oiseaux déjà vus en Australie sont présents et le rossignol fait entendre son chant.
N’oublions pas Imogen, une femme plus âgée, installée au même endroit en Australie et qui photographie les oiseaux.
« C’est la trace vivante de cette parenthèse heureuse ».
Calme et beauté de la nature opposés à l’apocalypse avec un sens du détail et du mot juste stupéfiant. C’est un roman bien sûr mais avant tout un texte magnifique »empreint de poésie et de lumière ».
Un livre à lire absolument !
Marie-José/M.Christine
« L’infinie patience des oiseaux » – Traduit de l’anglais (Australie) par Nadine Gassie – 234 pages – Prix : 20 €uros
David Malouf est considéré comme l’un des plus grands écrivains australiens contemporains. Connu pour plusieurs romans traduits depuis 1986, le dernier paru étant « Une rançon » en 2013. Il a reçu le prix Femina en 1991 pour « Ce vaste monde ».