VIE QUOTIDIENNE « AU PAYS DU COTON » SOUS LE CIEL D’ALABAMA DES ANNEES 30
Le présent texte « Une saison de coton : trois familles de métayers » constitue la première tentative de James Agee de composer ce récit historique, illustré par des photographies de Walker Evans.
Missionné par la rédaction du magazine « Fortune », lors de l’été 1936 James Agee se rend en Alabama (dans le comté rural du Hale) accompagné du photographe Walker Evans afin d’effectuer un reportage sur le métayage du coton. Les deux hommes vont vivre plusieurs semaines aux côtés de trois familles de métayers blancs : les Burroughs, Tingle et Fields. James Agee nous livre un récit saisissant du quotidien de ces familles entières dont la pauvreté sordide est extrême -quotidien qui les bouleversent et les indignent.
« Ce document, qui émeut par sa beauté et sa virulence, constitua une charge contre le capitalisme, telle que « Fortune » refusa finalement de le publier. Ce n’est qu’en 2013 que ce texte qui annonçait le chef-d’oeuvre « Louons maintenant les grands hommes » – livre culte, (sur les huit millions de métayers de la Cotton Belt américaine), sortit de l’oubli et parut en France chez Terre Humaine. Des décennies après sa rédaction, il demeure d’une féroce actualité. »
Walker Evans réalisera certains de ses clichés devenus célèbres, rendant le récit encore plus poignant car le regard de ces hommes, de ces femmes et enfants en disent long sur la souffrance, la fatigue dû au travail physique…(travail répétitif du ramassage de coton), la misère (vêtements cousus dans des sacs de farine ou d’engrais), la pauvreté des lieux (habitat fait de cabanes bricolées).
Pour détruire le charançon du coton, on utilise l’arsenic à mains nues !
James Agee glisse parfois quelques belles descriptions ou quelques moments de poésie…
Ce n’est pas un roman, c’est un témoignage–reportage en neuf chapitres, relatant la vie et les besoins vitaux : contrat, habitation, loisirs, nourriture, vêtements, éducation, santé, travail des paysans pauvres de l’Alabama, chez trois familles de métayers dont femmes et enfants sont confrontés au dur labeur, constituant de la main-d’œuvre à pas cher, corvéable à merci.
Un documentaire, un grand texte bouleversant. A lire absolument !
« Une saison de coton » évoque certes les Etats-Unis des années 30, en pleine catastrophe écologique du « Dust Bowl »*, à l’époque de la grande dépression et l’on ne peut s’empêcher de penser aujourd’hui : -que le problème n’a peut-être fait que de se déplacer : – ici, – là, – ou ailleurs dans le monde, entraînant la pauvreté (Inde, Afrique, Asie….) -de penser aux campagnes en cours d’appauvrissement, à la surexploitation, à la surproduction des terres soumises à la dépendance des agriculteurs, vis-à-vis des produits industriels (pesticides et autres) ayant des effets dévastateurs sur les sols, le climat et l’environnement, sur nos organismes…(cancers et autres maladies…), conduisant parfois ces hommes de la terre, au surendettement, à la faillite…, voire-même au suicide.
Et vous, qu’en pensez-vous ? N’hésitez pas à laisser votre commentaire sur le blog !
Marie-Christine
Et pour les amateurs de photographies, notez sur vos agendas ou vos tablettes que : Le Centre Pompidou de Paris consacrera une exposition photos, en hommage au grand photographe américain Walker Evans (1903-1975), du 26 avril au 14 août 2017, en nous offrant ses plus poignants portraits photographiques. Il avait commencé la photographie à l’âge de 27 ans avant de rencontrer le succès, travaillant pour de prestigieux magazines tels que Time et Fortune. Il était professeur de photographie.
*Dust Bowl : (bassin de poussière) série de tempêtes de poussières, véritable catastrophe écologique qui a touché, pendant une décennie Les Grandes Plaines des USA et le Canada, dans les années 30.
« Une saison de coton : trois familles de métayers » a été traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Hélène Borraz Photographies de Walker Evans. -18 €uros – éditions Christian Bourgois. 2014. Voir l’annexe I – « Au sujet des noirs » et l’ annexe II – « Les propriétaires terriens »
James Agee, journaliste et écrivain mourut à 46 ans, en 1955 à New-York, d’une crise cardiaque dans un taxi. Il laissait deux romans : « Un mort dans la famille » (Prix Pulitzer) et The Morning watch : un recueil de poèmes.