AMOUR, AMITIE, et MUSIQUE
LA SALLE DE BAL
La version anglaise de « Vol au-dessus d’un nid de coucous » (The Times)
anna Hope, actrice et écrivaine anglaise, a déjà écrit un très bon premier roman paru en France en 2016 : « Le chagrin des vivants » où elle fait le portrait de trois femmes à Londres après la Première Guerre mondiale.
Avec ce second roman, anna Hope confirme son talent. Nous sommes en 1911, dans le Yorkshire, en Angleterre. Ne pensez surtout pas qu’il s’agisse de la description d’une époque avec ses salons, ses danses et ses mondanités. Ella a brisé une vitre de la filature où elle travaillait et en punition elle est conduite à l’asile d’aliénés de Sharston. Hommes et femmes sont séparés. Les premiers cultivent la terre et les secondes accomplissent des tâches à l’intérieur. Cependant, chaque Vendredi, tous se réunissent dans l’extraordinaire salle de bal quelque peu incongrue dans un tel endroit. C’est là qu’ Ella va danser avec John, un Irlandais taciturne dont nous apprenons peu à peu l’histoire. Au fil du temps ils s’éprennent l’un de l’autre. Un orchestre fait tourbillonner tout ce monde et le Docteur Fuller le dirige tout en observant les « patients ». Le Docteur Fuller est un ambitieux frustré et il s’intéresse à l’eugénisme (mais Churchill aussi entre autres !) et il va loin dans ses projets de stérilisation pour « guérir les malades » et éviter ainsi les naissances issues de ces « simples d’esprit ». Cela ne peut évidemment que nuire à Ella et John qui sont loin d’être malades. On peut se demander qui sont les fous : le médecin ou les pensionnaires ? Les méthodes pour soigner les uns ou les autres sont plus que discutables. Tout ce roman est basé sur une vérité historique. Les noms du village et de l’asile ont été changés puisque Anna Hope a voulu écrire un roman avec des personnages de fiction. Cependant l’arrière-grand-père de l’auteure y a été interné à partir de 1909. L’asile fut ouvert en 1888, se transforma en hôpital et ferma ses portes en 2003. La somptueuse salle de bal existait réellement et les idées d’eugénisme, très méconnues en Angleterre à cette époque (et ailleurs aussi) ne sont pas une invention.
Les personnages secondaires sont également très réussis mais c’est avant tout un roman à trois voix écrit avec beaucoup de délicatesse et de force à la fois.
C’est passionnant. Un grand coup de cœur pour un grand roman de la Rentrée littéraire 2017.
Marie-José/M-Christine
« La salle de bal » – 400 pages – traduit de l’anglais par Elodie Leplat – Prix : 22 €uros.