Et moi, je vis toujours
Immortel parmi les Immortels

Et moi, je vis toujours, ce titre à lui tout seul est un clin d’œil à l’immortalité bien sûr et aussi à ses lecteurs.
Jean d’Ormesson utilise le « je », le « moi », mais en réalité il est l’Histoire avec laquelle il se confond.
A partir de là, l’Histoire se raconte elle-même en prenant des masques, en devenant tantôt homme, tantôt femme, depuis la naissance du monde et de l’humanité.
Ce narrateur, ou narratrice, vole d’époque en époque afin de ressusciter pour nous ce que furent les hommes et leurs découvertes à travers les âges.
C’est ainsi que nous passons des forêts où l’homme chassait, au Maître du feu. Nous serons ensuite aux bords du Nil avec le développement de l’agriculture, sans oublier Thèbes, le Tigre, l’Euphrate, Ramsès II et Moïse. N’oublions pas Athènes, Rome, la découverte de l’écriture puis de l’imprimerie, la naissance des religions monothéistes…
Ces énumérations suivent un peu la pensée de l’auteur, même s’il a suivi une certaine chronologie avec cependant des retours en arrière et des projections dans notre présent.
39 petits chapitres aux titres évocateurs : « Le printemps de l’histoire« , « Mythes et légendes d’Orient », « Triomphe d’une langue », Une Europe française », « Plus fort que le pouvoir et aussi beau que l’art », etc.
Et l’on « sent » aussi le testament intellectuel de Jean d’ Ormesson, sa passion pour l’Italie et Venise par exemple avec les grands peintres Donatello, Botticelli, Bellini, Titien et les autres..
Nous en venons à la littérature avec peut-être un accent particulier porté sur les auteurs du 18èmesiècle français.
En fait, Jean d’O, comme on l’appelait, a réveillé le juif errant et il le cite d’ailleurs. « Histoire du juif errant », c’est le titre d’un de ses grands romans et je ne peux pas oublier « La Douane de mer » qui m’a tant fait rêver. Venise encore et toujours.
Il s’agit donc d’un livre très érudit dans lequel Jean d’Ormesson semble avoir voulu dire au revoir et non adieu en revisitant avec nous cette humanité dont nous faisons partie et les grands thèmes que nous avons connus dans ses œuvres. C’est fait sans ostentation, humblement même, avec la réflexion et l’humour, voire l’ironie qu’on lui connaît.
Quelques mots et c’est l’Histoire qui parle : « Moi non plus, nous le savons tous, je ne suis pas éternelle puisque je suis le temps et que le temps s’écoule. J’ai passé. Je passe. Je passerai. Mais que je sois passée sous les espèces de l’histoire sur et dans ce monde éphémère où vous avez vécu est une vérité et une beauté pour toujours et la mort elle-même ne peut rien contre moi. »
Bien sûr que vous êtes immortel et que la mort ne peut rien contre vous, Monsieur d’ Ormesson !A UNE AUTRE FOIS DONC !!
Marie-José/M. Christine
Et moi, je vis toujours – 280 pages – Prix : 19 €uros