Flaubert, l’ermite de Croisset quitte sa coquille et s’en va prendre un bol d’air en Bretagne !
Présentation : « En 1875, Flaubert, âgé de 53 ans, affaibli physiquement et miné par des soucis financiers, décide d’aller séjourner quelques semaines au bord de la mer, à Concarneau. Sa nièce Caroline, dont le mari risque la faillite, menace de vendre Croisset dont elle est propriétaire, et Flaubert ne supporte pas cette idée. À Concarneau, l’écrivain loge dans une petite pension, dort dix heures par jour, mange et boit, n’écrit pas, se pense fini. Il se baigne avec deux amis rencontrés sur place : le docteur Pouchet, qui dirige l’antenne locale du Musée d’Histoire naturelle, où il étudie la vie des homards et autres bestioles ; et Pennetier, directeur du muséum d’histoire naturelle de Rouen. Ce sont des plaisirs simples, loin des tracas de l’écriture et de l’argent, et peu à peu les idées noires de Gustave se dissipent. Les amis se promènent, Flaubert assiste aux expériences scientifiques de Pouchet sur les mollusques ou les turbots, se rend à des fêtes paysannes, prend des bains de mer. Il rêve aussi beaucoup et parle un peu avec une jeune servante bigle et un peu attardée qu’il appelle « Mon petit ange » : un cœur simple. Quand sa nièce lui écrit pour lui annoncer que la faillite est évitée, il décide de se remettre à l’écriture. Depuis vingt ans il a le projet d’écrire la légende de saint Julien l’Hospitalier, un conte médiéval d’une extrême férocité. Le moment est venu. En s’appuyant sur ces faits et les traces qu’on en trouve dans la correspondance de Flaubert (lettres à sa nièce, à George Sand, etc.), Alexandre Postel nous offre une évocation très sensible et intime du grand écrivain, montré dans une période difficile sur tous les plans : inspiration en berne, perspective de déchéance financière, santé vacillante, grande solitude. Le choix de cette période de « vacance » est à la fois surprenant et judicieux : il nous révèle un aspect inattendu de Flaubert dans son humanité simple et ses difficultés physiques, sa méticulosité d’écrivain, ses faiblesses. On l’accompagne sur le chemin qui conduit du creux existentiel et créatif à la vigueur retrouvée. On sent vibrer dans ce texte une vérité, un mystère qui laissent leur empreinte »
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« A son entrée dans Concarneau, Flaubert crève de sommeil et de faim. La veille, il était à Deauville afin de conclure devant notaire la vente de sa ferme. De Deauville, il s’est rendu à la gare de Trouville où il a pris le train pour Lisieux, il monte à bord d’un tortillard qui descend vers Le Mans. Arrivé au Mans, il attend jusqu’à une heure du matin le passage du rapide de Brest ; mais Flaubert ne va pas à Brest, il descend à Rennes et bifurque vers le sud ; en gare de de Redon il rejoint la ligne qui, longeant la côte remonte vers le Finistère en passant par Auray, Vannes, Lorient, Rosporden ; Rosporden où, après une nuit passée à regarder par la fenêtre du wagon la lune filer derrière les arbres, il descend à dix heures du matin, le jeudi 16 septembre 1875. Il ne lui reste plus qu’à patienter quatre heures en attendant le départ de la voiture pour Concarneau. » (p.13)
De belles descriptions de Concarneau et de la vie du petit port breton. La plume de l’auteur est légère et fluide, captivante et nous partageons les tourments de Gustave Flaubert. Il a besoin de sérénité et de calme. C’est aux côtés de ses amis, notamment auprès de Pouchet, ce savant-scientifique qui, dans son vivier passe son temps à observer, à disséquer les animaux marins dans son laboratoire, que Flaubert trouvera cet apaisement. Ainsi, Flaubert, en immersion dans ce milieu différent du sien, rit de bon cœur, est joyeux et retrouve enfin l’envie de vivre et de désir…
L’ouvrage est très documenté et nous retrouvons toutes les sources citées en fin d’ouvrage, notamment « La correspondance de Flaubert » La Pléiade – (Gallimard) et le site du Centre Flaubert de l’Université de Rouen (Yvan Leclerc et Danielle Girard)
Librairie Doucet/MChristine
Alexandre Postel est né en 1982. Il est l’auteur de trois romans parus aux Editions Gallimard : « Un homme effacé » (Goncourt du premier roman 2013), prix Landerneau découvertes, « L’ascendant » (prix du deuxième roman 2016) et « Les deux pigeons » (2016)
Un automne de Flaubert – 132 pages – prix : 15 €