L’APICULTEUR D’ALEP
« Quand on appartient à quelqu’un qui n’est plus là, qui est-on ? « (p.81)
Nuri est apiculteur. Il aime son pays et travailler à l’air libre, au contact des abeilles qu’il connaît parfaitement bien. Avec son cousin Mustafa, ils possèdent de nombreuses ruches d’où ils extraient le miel des abeilles, indispensables à notre survie, car nous sommes aussi vulnérables qu’elles. Nuri est installé dans ce pays avec sa femme Afra, artiste peintre et leur fils, Sami. Seulement, le pays qu’ils habitent, c’est la Syrie et, en Syrie il y a la guerre… Nous allons donc suivre le long périple de cette famille syrienne.Une bombe de plus, une bombe de trop et toute la vie bascule. Afra devient aveugle à la suite d’un bombardement et leur fils Sami est mort. Ils ne sont plus que tous les deux, il faut fuir la guerre qui sévit dans le pays, penser à l’exil, puis tenter de rejoindre Mustafa qui a déjà atteint l’Angleterre. Afra est réticente, ne veut pas quitter sa chambre, mais Nuri fait tout pour la convaincre, toujours attentionné, cherchant malgré tout, la moindre petite chose à offrir à Afra, celle qu’il aime tant : un fruit, une fleur…, des pétales de cerisier, de biens tristes présents mais qui lui font tant plaisir. D’ailleurs, remarquez la très jolie couverture de ce livre, émouvant et magnifique, ces deux mains présentant deux moitiés de grenade gorgée de graines rouges, le plus beau des cadeaux que Nuri a offert à Afra. L’auteure nous transcrit à merveille toutes les couleurs, les senteurs, les odeurs d’épices et de miel, les saveurs de ce pays, tout comme elle transmet l’amour de Nuri pour son épouse, et tout l’amour qu’il porte à ses abeilles dont il sera question tout au long du livre.
Puis, ce sera la fuite et toutes les épreuves à traverser : les camps de réfugiés, l’attente, les formalités, les passeurs, les traversées de mers agitées. On s’attache très vite aux personnages de ce roman, à Nuri toujours aux petits soins, plein de douceur pour son épouse, à Mohammed ce petit garçon, jeune orphelin qui accompagnera un temps le couple et qu’il faudra tenter de retrouver…
Christy Lefteri sait très bien de quoi elle parle. Elle a été bénévole dans un camp de réfugiés à Athènes et si les personnages sont fictifs, ce roman est inspiré de faits réels, grâce aux nombreux témoignages glaçants entendus sur place, aux nombreuses rencontres d’émigrés dont un apiculteur qui habitait en Syrie. C’est ainsi qu’au fil des chapitres construits de façon originale, que l’auteure nous livre, sans fioriture et sans être pathétique, ce récit merveilleux qui nous touche en plein cœur !
Une histoire, un parcours qui permet d’ouvrir les yeux et de prendre conscience de la chance que nous avons de vivre dans un pays en PAIX ! Un livre plein d’humanité, un roman absolument fabuleux, émouvant et très enrichissant.
Mais comme le dit si bien le bandeau du livre, c’est :
UNE HISTOIRE D’AMOUR FOU, UNE ODYSSÉE VERS L’ESPOIR.
Comme dans ce livre, il y est question d’abeilles et de miel, si vous êtes très attirés par ce liquide jaune d’or dont vous aurez
certainement l’eau à la bouche, je décline toute responsabilité, quant à votre éventuelle énorme envie de consommation, découlant de cette lecture !!..
Librairie Doucet/M. Christine
Christy Lefteri est née à Londres de parents chypriotes. Elle anime un atelier d’écriture à l’université Brunel. « L’Apiculteur d’Alep« , son deuxième roman, lui a été inspiré par son travail de bénévole dans un camp de migrants à Athènes.
L’Apiculteur d’Alep – 315 pages – prix 20 € (parution mars 2020) – Traduit de l’anglais par Karine Lalechère.