Afin de ne pas oublier !

Premier roman poignant de Anthony Passeron, ce professeur d’histoire-géographie, âgé de 39 ans qui s’intéresse à son histoire familiale, particulièrement de son oncle Désiré, disparu il y a 40 ans, atteint à l’époque, de cette maladie inconnue qu’était le SIDA.
Anthony Passeron revisite l’histoire de sa famille sous deux versions, c’est-à-dire qu’il va interroger le passé familial puisque cet oncle, qu’il a peu connu, est mort juste après sa naissance. Tout de suite, il sait que dans sa famille il y a une espèce de chape de plomb sur l’histoire de cet oncle, et surtout liée à sa mort. Donc, il va enquêter, interroger, regarder des photos, des films super 8, retracer l’histoire de ce garçon qui va effectivement décéder du SIDA au début des années quatre-vingt. Parallèlement à ça, c’est hyper bien construit et très bien fait, il alterne les chapitres de son histoire familiale avec les chapitres de l’histoire des médecins et des chercheurs qui eux-aussi, au début des années quatre-vingt découvrent ce virus, d’abord aux USA puis en France.
Il semble pour certains, dès le départ, que c’est important, que l’épidémie va être rapide et mondiale et s’entêtent à vouloir trouver une solution et un traitement. Je me souviens personnellement de l’arrivée du SIDA. Il y avait plein de choses que j’avais oubliées. C’est passionnant, ces chercheurs qui s’entêtent, qui vont être parfois houspillés, menacés par leurs hôpitaux en les mettant en cause, les pouvoirs publics, le grand public… On disait que c’était presque un échec. Et puis ça concernait une population bien typée alors, on se rend assez vite compte que ce n’est pas le cas. Et puis, cette obstination qu’il ont eue et l’histoire de sa famille aussi, le déni d’abord, c’est ça qui est intéressant. On est dans un petit village alpin. L’ histoire de cette famille qui vit dans l’arrière-pays niçois, des bouchers de père en fils qui passent leur temps à travailler comme des forcenés… Cette période là, m’a rappelé plein de choses. Effectivement, dans les années 70/80, les gens qui avaient une petite entreprise passaient leur temps à travailler durement.. C’était la réussite sociale. C’était s’élever, donner le meilleur pour la génération future, pour leurs enfants et puis il y avait une petite renommée dans le village, des petits notables… donc, forcément quand ce drame arrive dans sa famille, c’est d’abord l’incompréhension. Qu’est-ce qui nous tombe dessus ? La méconnaissance, le déni, le silence et on rejette tout en bloc.
C’est passionnant. C’est pudique. C’est sensible et c’est juste. Devant mon enthousiasme pour ce livre, ma fille de 20 ans, a également lu ce livre et a pu découvrir l’origine de cette maladie.
Écoutez Nathalie en cliquant sur le lien ici ! (à 2’14 mn) sur LMTV Sarthe
Nathalie de la librairie DOUCET LE MANS/MC
Les enfants endormis – 288 pages – Prix : 20 € (parution : 25/08/22)