UN LION « HISTORIQUE »
L’histoire du lion Personne dont c’est le titre nous ramène à la fin du 18ème siècle. Nous sommes au Sénégal et nous allons faire connaissance d’un lion, mais pas n’importe quel lion ! Un lion « historique » baptisé Personne.
Cette histoire est très jolie. Il faut voir cela comme un grand conte qui va nous parler de la vie d’un orphelin se prénommant Yacine. Elevé par les jésuites, ils se rendent compte que Yacine est très brillant, féru de mathématiques : il faut donc qu’il monte à la capitale. Le Père jésuite qui se charge de Yacine, l’envoie donc à Saint-Louis du Sénégal, vers Monsieur Pelletan directeur de la Compagnie Royale du Sénégal chargée de renflouer les Caisses grâce à quelques subsides envoyés en France : – il ne faut pas se leurrer, c’étaient des copains de compagnie commerciale.
Pelletan est un homme de bonne volonté. C’est un érudit, un homme très en avance sur son temps. Il est contre l’esclavagisme et pour l’éducation des enfants. Très impliqué politiquement, il est surtout très naturel, d’un abord très facile. Yacine, le long du chemin – son village étant très loin de Saint-Louis- va recueillir un jeune lionceau abandonné et voilà les deux orphelins qui arrivent à Saint-Louis du Sénégal. Pelletan va se prendre d’affection pour ce jeune garçon brillantissime. Tout le monde est émerveillé par ce lionceau qui s’élève comme un animal de compagnie.
Là, où le livre est amusant, c’est que l’auteur ne veut pas faire parler le lion. Il estime que l’on n’a pas à faire parler un animal. Il va, par le talent de son écriture nous permettre de boucher les trous et nous raconter l’histoire avec nos propres mots. Très vite, on va voir que Yacine va disparaître. Pelletan va se rendre compte que ce lion ne peut pas être élevé de manière naturelle. Il fait peur à tout le monde. Il souhaite l’offrir à Louis XVI pour sa ménagerie royale de Versailles. Pelletan prend contact avec Buffon qui s’occupe de ses animaux et envoie le lion, flanqué de son grand camarade, un petit bâtard nommé Hercule, compagnon d’infortune puisqu’ils auront une traversée très périlleuse, avant de débarquer dans le port du Havre. Au Havre, ils sont pris en charge par Jean Dubois, un jeune élève naturaliste de Buffon qui s’engage tout doucement à pied pour escorter nos deux animaux jusqu’à la ménagerie royale. Sauf, qu’entre temps –nous sommes en 1789- le grand vent de l’Histoire est passé…., la Ménagerie royale n’existe plus et nos animaux vont arriver à la Ménagerie du Jardin des plantes.
C’est aussi une jolie allégorie sur la liberté des hommes, l’enfermement, la fin de la royauté puisqu’au début, les gens, les parisiens vont regarder cet animal comme un symbole de la royauté pour finalement s’attacher à ce personnage, c’est-à-dire que Personne et Hercule vont devenir les mascottes du Jardin des plantes.
Beaucoup de métaphores dans ce livre. On peut avoir plusieurs niveaux de lecture et c’est très bien.
On passe un moment merveilleux, si l’on aime les animaux. On trouve cela très intéressant si l’on aime l’Histoire. On est en compagnie de deux hommes, des vrais, des purs, des hommes de bonne volonté qui sont le jeune Dubois et le vieux Pelletan du fin fond du Sénégal.
C’est très amusant et c’est ce qui attise notre curiosité : replonger dans ce contexte historique du lion Personne.
Marie-Adélaïde/M. Christine
Emission de France Bleu Maine du 24/11/16 – pour écouter cliquez ici