Une histoire pleine de légendes dans le Japon du XIIèmesiècle
Avec « Le Bureau des Jardins et des Etangs », avec ce joli titre et cette superbe couverture, je vous emmène au Japon !
Et c’est Didier Decoin, « un grand monsieur » qui fait partie de l’Académie Goncourt, un auteur que l’on connaît bien, qui signe ce roman exceptionnel. C’est un vrai plaisir de lecture. Un roman japonais que Didier Decoin a mis 12 ans à écrire. Imaginez le temps pour policer les phrases, pour raconter cette histoire !
Cela se passe aux alentours de 1200, dans un Japon très ancien.
C’est l’histoire de Miyuki, une jeune femme assez jolie, dans la campagne très éloignée du Palais de l’Empereur.
Son mari plus âgé qu’elle, grand spécialiste de pêche à la carpe est capable d’attraper les plus belles carpes. Vous savez ces carpes japonaises qui brillent – souvent rouges vifs– Une fois l’an, il pêche ces carpes puis les apporte à l’Empereur, pour le bassin du palais. Sauf que, après sa dernière pêche, le vieux monsieur décède. Cette jeune femme complètement inadaptée à la vie au travail puisqu’elle était tout à fait femme-enfant, décide d’aller livrer cette dernière pêche. Elle va affronter ce chemin comme un travail de deuil, elle décide de passer par tous les endroits où il allait régulièrement. Elle devra traverser des dangers et l’on sait qu’il faut plus de deux mois pour y arriver. C’est un pèlerinage en quelque sorte. Un pèlerinage parfois cocasse car elle s’aperçoit qu’il s’arrêtait dans des maisons closes. Un pèlerinage dangereux car elle va se faire détrousser dans la forêt. Mais elle n’a pas peur. Elle grandit au fur et à mesure de ce trajet et va enfin arriver au palais de l’empereur. Alors, évidemment en 1200, les conditions d’hygiène de voyage n’étaient pas ce qu’elles sont aujourd’hui. La jeune femme traverse un pont, s’imbibe de l’eau de la rivière. Elle est enrobée d’une odeur à la fois très sensuelle, très animale. C’est là, où ce livre est terriblement sensuel. Elle arrive au « Bureau des Jardins et des Etangs » Dès que le directeur la voit, il se dit que cette femme est extraordinaire, je tiens là, mon premier prix puisque l’empereur vient de mettre en place un concours olfactif. La personne qui va gagner est celle qu’il va présenter devra s’imprégner d’une odeur plaisante, un peu forte, animale, florale, quelque chose de très personnel.
[Vous savez, on retrouve un peu « Le Parfum de Patrick Suskind » ou Baudelaire qui s’attardait sur les sens et l’odorat !. Nous sommes tout à fait dans cette ambiance de lecture.]
Le lecteur est complètement happés par cette histoire. Arrive ce qui arrivera, cette jeune femme va gagner. La suite de l’histoire –car ce n’est pas la fin– puisqu’elle va être récompensée, elle va décider de repartir dans son village.
C’est un livre absolument merveilleux qui va vous envelopper, qui va mettre en éveil tous vos sens. C’est une véritable promenade, un livre très intéressant tant sur la campagne que sur les moeurs au palais de l’empereur. [On a presque l’impression d’un conte japonais]
Marie-Adélaïde/M.Christine
Emission du 31/01/17 que vous pouvez réécouter en cliquant ici
Quelques livres de l’auteur : « Une anglaise à bicyclette »(Stock, 2011) – « La pendule de Londres » (Grasset, mai 2013) – « Dictionnaire amoureux des faits divers » (Plon, 2014)
Une réponse à “Le Bureau des Jardins et des Etangs – Didier Decoin de l’Académie Goncourt – Editions Stock –”
Oui,en effet,c’est un conte japonais,dans la mesure où Didier DECOIN,cet auteur de grand talent,s’est beaucoup documenté sur cette période du XIIème siècle au Japon et qu’il a su prendre le style nécessaire pour nous conduire à cette époque et dans cette histoire.Aurait-il dorénavant les yeux bridés!!! C’est une réussite,nous sommes transportés dans un autre monde.C’est de l’art,celui de l’estampe japonaise.C’est du vocabulaire précis que nous n’avons pas besoin de vraiment comprendre.
C’est même un peu d’érotisme comme dans la littérature asiatique.Bref,c’est une réussite et donc un vrai bonheur de lecture.
M-J 72
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