UN PREMIER ROMAN REMARQUABLE, MUSICAL et POETIQUE à la fois.
Stéphanie KALFON, réalisatrice de profession, rend hommage au compositeur Erik SATIE (1866-1925) sans en faire la biographie dans ce livre très original intitulé :
« LES PARAPLUIES d’ERIK SATIE«
Elle a voulu témoigner des moments de la vie du musicien et, en quelque sorte pénétrer dans son esprit grâce à ce qu’il a pu dire ou écrire. En conséquence, la chronologie n’est pas respectée.
Le livre commence en 1901. Erik Satie a 34 ans. Première phrase : « On n’envie jamais les gens tristes ». Il est triste et comment ne le serait-il pas ? Il est dans la misère et sans avenir professionnel. A partir de là, l’auteure remonte les années jusqu’à l’enfance à Honfleur avec trop de morts autour de lui. A Paris, il entre au Conservatoire mais en est renvoyé très vite parce qu’il ne respecte pas les règles. Il voudrait faire évoluer la musique avec l’époque mais c’est trop avant-gardiste.
Il a vécu à Montmartre, a « travaillé » au cabaret du Chat Noir en tant que pianiste (il fallait bien vivre) puis pendant de longues années il occupa une chambre misérable à Arcueil, chambre que l’on ne découvrit qu’après sa mort. On y trouva 14 parapluies noirs tous semblables, d’où le titre de ce livre bien sûr. « Il passe les 27 dernières années de sa vie dans les bars ». Il boit…de l’absinthe et se détruit peu à peu tout en affichant un humour et une excentricité de façade avec ses costumes de velours tous semblables également.
Ce livre est très beau et nous renvoie sans arrêt aux oeuvres de Satie, les « Gymnopédies« ou les « Gnossiennes », par exemple, dont nous connaissons tous les mélodies, à défaut des titres peut-être.
« Assez lent. Assez lent. Très lié et mélancolique. Voyez. Léger mais fort.. Ralentir. Reprendre. grossir. Retenez, je vous prie. Plus lent… »
Ce sont les sons du monde et de la nature qui font sa musique et il n’a pas été compris.
« Tantôt ils font de moi un fou, tantôt ils me représentent comme un être doux d’une platitude qui n’a d’égale que la leur. Peut-être se trompent-ils ? Et cela me fit grande peine. »
C’est poétique, émouvant, excellent !!
Marie-José/M. Christine
« Les parapluies d’Erik Satie » de Stéphanie Kalfon – 140 pages – 18 €uros.