UNE GRANDE HISTOIRE DE FAMILLE !
« C’est long de faire ressurgir un pays du silence »
En ce début de rentrée littéraire, voici « L’ Art de perdre », magnifique texte d’Alice Zéniter et…. premier coup de cœur de Marie-Adélaïde Dumont de la librairie Doucet.
Cette rentrée littéraire (nous aurons l’occasion de le dire et d’en parler) nous apporte beaucoup de textes sur l’Algérie. Je pense qu’avec le temps, les auteurs se sont emparé du sujet et commencent à nous faire profiter de leurs expériences, de leurs témoignages de famille car nous avons cette année, d’autres ouvrages sur l’Algérie : – Brigitte Giraud qui nous parlera de son père, jeune appelé en Algérie. Ensuite, J-Marie Blas de Roblès qui a écrit un livre sur les pieds noirs et Alice Zéniter qui va nous parler des Harkis dans « L’Art de perdre » et c’est avec beaucoup de plaisir que je m’empressse de vous le présenter.
– Alice Zéniter, on connaît bien cette jeune sarthoise, brillante normalienne, auteur que j’apprécie beaucoup. Elle signe à mon avis, son meilleur livre. Et, quand on sait d’où elle part, on comprend mieux que ce livre est exceptionnel. Elle parle de sa famille, de leur arrivée en France.
C’est un livre qui ne juge pas. C’est un livre politique, dont le but est de nous faire comprendre, de nous expliquer pourquoi certains algériens ont choisi d’accompagner la France, la France coloniale. Pourquoi ces algériens sont arrivés en France au moment où le FLN (Front de libération nationale) ne voulait plus d’eux. Pourquoi l’Algérie libre a décidé de ne pas les garder. Pourquoi nous ne les avons pas bien accueillis, pas bien traités ? Quelles sont nos erreurs ?
Nous suivrons trois générations : – Naïma qui nous raconte cette histoire est le double littéraire d’Alice Zéniter. Cette jeune femme ne connaît pas l’Algérie, parle sans accent. Elle avait pour tâche de parler parfaitement comme son père quand il arrive, petit garçon, en France en 1962. – Ali le grand-père, le notable installé dans son commerce d’huile assez fructueux, se rend compte, au moment où le FLN le contacte, qu’il préfère rester du côté des français, même si cela est difficile. Puis il va devoir partir. Ensuite, Hamid le fils, arrivera tout petit, dans les années soixante. Il connaîtra le camp de Rivesaltes avant d’arriver en Normandie où il vivra dans une barre HLM à Flers, dans l’Orne. Nous verrons comment il va grandir, travailler, fonder une famille.
Naïma est cette troisième génération qui tente de comprendre, de pardonner, de repartir pour connaître ce pays qui mettait des étoiles dans les yeux de ses parents lorsqu’ils en parlait.
Ce n’est pas du tout un livre à charge.
C’est un texte magnifique, à la fois puissant, puisqu’on aura des scènes de batailles mais également poétique. On est emballés, envoûtés par les mots d’Alice Zéniter. C’est un texte merveilleux qui remet les choses à leur place et qui nous emmène dans cette saga familiale. On ne peut pas s’arrêter. C’est une des pépites de la rentrée. Il y a beaucoup de force dans ce roman. C’est sublime.
Marie-Adélaïde/M. Christine
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Alice Zéniter est née en 1986. Lycéenne au lycée Marguerite de Navarre à Alençon (Orne), elle a publié son premier livre en 2003, à l’âge de 16 ans : « Deux moins un égal zéro » – Quatre romans dont « Sombre dimanche » (Albin Michel, 2013) qui a reçu le prix du Livre Inter, le prix des lecteurs de l’Express et le prix de la Closerie des Lilas – « Juste avant l’oubli » (Flammarion 2015), prix Renaudot des lycéens. Elle est dramaturge et metteuse en scène.
« L’Art de perdre » – 506 pages – 22€uros
Une réponse à “L’ Art de perdre – Alice Zéniter – Editions Flammarion – (1)”
Excellent roman écrit par Alice Zeniter au mieux de sa forme littéraire.
Il s’agit bien d’une saga familiale qui revisite l’histoire de l’Algérie depuis la 1ère guerre mondiale en insistant plus particulièrement sur la vie des harkis et sur leur place à la fois en Algérie et en France.
C’est passionnant et les lecteurs de moins de 60 ans vont apprendre beaucoup sur cette période de l’Histoire .Les plus âgés (dont je fais hélas partie!) ont connu cette époque,l’ont vécue de plus ou moins près mais seront très intéressés de la revivre.
MJ 72
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