Patrick GRAINVILLE sera à la librairie Doucet Samedi 24 mars à 17 heures pour une RENCONTRE-DÉDICACE, à l’occasion de son 26èmeroman : FALAISE DES FOUS. |
Un Normand Immortel à l’Académie française!
Ce jeudi 8 mars 2018, les Immortels ont élu Patrick GRAINVILLE au fauteuil numéro 9, occupé par Alain DECAUX, jusqu’à son décès en 2016, a annoncé l’Académie française.
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Agrégé de Lettres, il fut professeur mais aussi critique au Figaro littéraire et membre du Jury Médicis. A 29 ans, en 1976, il obtint le prix Goncourt pour « Les Flamboyants« (l’épopée d’un roi fou imaginaire). Ses œuvres sont nombreuses : des récits, des ouvrages collectifs, des préfaces, des livres d’art et même des livres pour la jeunesse et de nombreux romans . »Falaise des fous » est son 26ème roman. Patrick Grainville est normand et la Falaise est bien sûr celle d’ Étretat.
Sur la couverture on reconnaît le célèbre tableau de Monet : « Terrasse à Sainte-Adresse » et Sainte-Adresse c’est au Havre. C’est en cours de lecture que l’on s’aperçoit, en quelque sorte, qu’il s’agit du roman dans le roman. Expliquons-nous.
Le narrateur, fictif, se nomme Charles Guillemet. Il est revenu d’Algérie en 1867, blessé, et s’est installé à Étretat. Sa mère est décédée quand il était très petit et il voudrait bien retrouver ses traces, des souvenirs. Or tout part de Sainte-Adresse pour revenir à Sainte-Adresse et puis nous sommes toujours en Normandie !
L’auteur s’attache surtout à nous faire visiter le monde de l’IMPRESSIONNISME et celui de l’HISTOIRE de 1868 à 1927.
Alors qui sont ces FOUS ? Nous les rencontrons tous Courbet, Monet, Degas, Manet, Pissarro, Boudin, Cézanne et d’autres encore. Il faut ajouter en littérature : Maupassant, Flaubert, Hugo notamment, qui tous d’une manière ou d’une autre sont venus en Normandie et à Étretat.
Tous ne sont pas impressionnistes, certes, et l’on ne trouve rien de plus opposé, par exemple, que Courbet (« L’ogre hilare ») et Monet (« Le peintre du feu bleu », « le grognon génial »). Cependant tous deux ont peint la falaise d’ Étretat et ont même fait des « séries » pour trouver la meilleure lumière. De la folie encore chez Monet qui a peint des séries de la Cathédrale de Rouen et surtout pendant 30 ans « les Nymphéas » de Giverny.
Tout ceci est raconté sur fond d’Histoire, depuis la guerre de 1870 jusqu’à celle de 1914, en passant dans le désordre par la traversée de l’Atlantique par Lindbergh, l’Affaire Dreyfus, le départ du Titanic, etc… Et c’est l’antisémitisme violent de Degas et Daudet, entre autres. C’est Clémenceau, le grand ami de Monet. Bref, c’est sans fin sur 650 pages !..
C’est aussi la présence de trois femmes successives dans la vie de Charles Guillemet qui, avec beaucoup d’érotisme le conduisent dans cette période de changements avec les découvertes techniques et scientifiques et l’art omniprésent.
On ne peut pas quitter ce livre plein d’érudition de Patrick Grainville sans parler de son style. Il faut le lire par exemple dans les lignes consacrées au départ des Terre-neuvas à Fécamp ou aux obsèques de Victor Hugo. Accumulation de mots, ironie quelquefois, une large palette de couleurs, c’est de la virtuosité qui éblouit le lecteur, de la fluidité, de l’aisance.
C’EST FLAMBOYANT !
Marie-José/M.Christine
Falaise des fous – 650 pages – Prix : 22 €uros
3 réponses à “Falaise des fous – Patrick Grainville – Editions du Seuil”
« C’est sans fin », comme vous dites, et il n’y a pas de début non plus… Pas l’ombre d’une intrigue. Lit-on un roman ou un catalogue d’exposition? Le gros défaut de l’auteur, comme dans « Bison »: s’emparer d’un sujet très (trop?) prometteur pour le démolir à grands coups de grandiloquence creuse. Certains orateurs s’écoutent pérorer. Il y a aussi des écrivains, semble-t-il, qui s’écoutent écrire et croient peut-être se hisser ainsi au rang des génies qu’ils évoquent.
S’il y a bien une période de l’Histoire et un courant de la peinture française qui me fascinent, ce sont ceux dont il est ici question. Mais quel ennui ! Seule éclaircie réellement littéraire dans les 150 premières pages: l’appareillage des morutiers du Havre dans une description magistrale de quelques pages. Mais une nouvelle aurait suffi. Relier des scènes sans rapport entre elles via la vie désoeuvrée d’un quidam obsédé de fornication – là, oui, il y a des rapports… – ne suffit pas à créer un roman. Y insérer quelques traits de vulgarité encore moins, même si c’est tendance et si ça fait bander l’auteur et les vieux qu’il va rejoindre sous la Coupole.
Monet, Manet, Courbet méritaient mieux. Sans parler de Maupassant ou Hugo qui, eux, savaient raconter de vraies histoires. Allez, je ramasse une dernière fois le livre et j’essaie de lire encore dix pages… Sinon, je m’envoie Joël Dicker et son vulgaire « page-turner », comme disent les hérauts de la grande littérature. Celui-là, je parie qu’il ne me tombera pas des mains.
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Bonsoir Monsieur,
J’attendais pour vous répondre d’avoir animé la rencontre avec l’auteur à la Librairie Doucet du Mans.
J’en reviens. Je connaissais les remarques pas toujours très positives sur Patrick Grainville et je reconnais quelques longueurs à son livre. Compte-tenu du temps limité qui nous était imparti (entre deux trains), je l’ai prévenu que j’allais cadrer mes questions et ses réponses. Il a reconnu être très bavard et m’a dit qu’il fallait en effet l’arrêter.
L’entretien s’est donc très bien passé ,courtoisement et dans la bonne humeur devant un public manifestement satisfait. Il nous a dit des choses très intéressantes sur le livre et les personnages connus ou non Je ne lui ai évidemment pas parlé de fornication, encore moins dans les termes que vous utilisez;
Sans doute êtes-vous jeune pour traiter de vieux les académiciens.Ils le sont,certes,mais on ne peut pas être élu pour un ou deux livres et seules les années futures nous permettront de savoir si la postérité a reconnu durablement leur élection ou s’ils sont tombés dans l’oubli.
J’aurais aimé, au moins, que vous reconnaissiez de belles pages quant au style, ne serait-ce que cela.
J’espère aussi que vous avez pu aller jusqu’au bout de votre lecture pour un jugement complet.
Cependant vous avez raison, on a le droit d’aimer ou pas.
En ce qui concerne Joêl Dicker, j’ai acheté le roman mais ne l’ai pas encore lu et je ne peux donc pas dire s’il me tombera des mains ou pas. J’ai aimé le premier mais pas vraiment le précédent.Il n’empêche que c’est du bon roman en effet.
Cordialement
Marie-José OLLIVIER
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Chère Madame Ollivier,
Merci pour votre réponse. Je suis très jeune en effet: 62 ans, c’est-à-dire 26 dans ma tête.
Effectivement, il y a de très belles pages de littérature mais pas d’intrigue dans « Falaise des Fous ». C’est l’inverse chez Joël Dicker et « La Disparition de Stéphanie Mailer » qui se lit facilement, comme ce que les anglo-saxons appellent un « page-tuner » avec les ficelles du genre qui, ici, sont carrément des cordes.
Recette: vous prenez deux intrigues décalées dans le temps, vous les découpez en tranches ultra-minces que vous alternez systématiquement, avec de temps à autre un zoom un peu plus psychologique sur un personnage, pour varier l’alternance trop systématique. Quand l’intrigue n°1 a progressé d’un millimètre, passez à l’intrigue n°2 pour un millimètre également, puis revenez à l’intrigue n°1 pour un autre millimètre, et ainsi de suite jusqu’à l’obtention d’une plantureuse lasagne de plus de 600 pages.
Comme auteur, écrivain autant que jongleur, vous aurez l’impression d’avoir écrit un roman. Mais comme lecteur, aurez-vous lu un roman?
Ne vous énervez pas pour les diverses fautes d’orthographe et de frappe qui apparaissent surtout dans la deuxième partie. C’est agaçant, bien sûr, cela donne l’impression d’une production industrielle en retard de bouclage, comme du « fast food » littéraire, mais c’est vite oublié, comme tout le reste, après trois jours… Ayant ainsi étudié la recette, je me demande si je n’écrirais pas un pastiche: « La Vérité sur la Disparition de Joël Becker (à Baltimore) »…
Pour revenir à notre ami Grainvile, je ne conteste pas qu’il ait écrit des oeuvres formidables et… flamboyantes dans sa carrière. Il véhicule une vaste culture et nous la fait apprécier. Mais ici, il a oublié qu’un roman requiert un minimum d’intrigue et ne peut se limiter à un catalogue de mini-monographies.
Bref, Grainville et Dicker, par des chemins différents, omnibus pour l’un, tgv pour l’autre, se rejoignent sur les voies de garage du tape-à-l’oeil « merchandisé ».
Bonnes lectures quand même et désolé de vous apparaître peut-être trop critique.
André Riche
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