Les Fleurs du mal – Édition anniversaire.
Charles BAUDELAIRE est né à Paris le 9 avril 1821 à Paris, il est décédé le 31 août 1867 dans cette même ville. BAUDELAIRE disait : « Dans ce livre atroce, j’ai mis tout mon cœur, toute ma tendresse, toute ma religion, toute ma haine ». Editées dans ce nouvel écrin, voilà un merveilleux prétexte pour se plonger dans ces poèmes au parfum éternel.
Avec ce préambule inédit : « Pour saluer Baudelaire » signée François Cheng de l’Académie française et la Préface d’Yves Bonnefoy.
Avec « Les Fleurs du Mal » commence la poésie moderne : le lyrisme subjectif s’efface devant cette « impersonnalité volontaire » que Baudelaire a lui-même postulée ; la nature et ses retours cycliques cèdent la place au décor urbain et à ses changements marqués par l’Histoire, et il arrive que le poète accède au beau par l’expérience de la laideur. Quant au mal affiché dès le titre du recueil, s’il nous apporte la preuve que l’art ici se dénoue de la morale, il n’en préserve pas moins la profonde spiritualité des poèmes.
D’où la stupeur que Baudelaire put ressentir quand le Tribunal de la Seine condamna la première édition de 1857 pour « outrage à la morale publique et aux bonnes mœurs » et l’obligea à retrancher six pièces du volume – donc à remettre en cause la structure du recueil qu’il avait si précisément concertée. En 1861, la seconde édition fut augmentée de trente-cinq pièces, puis Baudelaire continua d’écrire pour son livre d’autres poèmes encore. Mais après la censure, c’est la mort qui vint l’empêcher de donner aux Fleurs du Mal la forme définitive qu’il souhaitait – et que nous ne connaîtrons jamais.
Et voici un extrait du poème que Marcel Proust se répétait :
Chant d’automne : « J’aime de vos longs yeux la lumière verdâtre/Douce beauté, mais tout aujourd’hui m’est amer/Et rien, ni votre amour, ni le boudoir, ni l’âtre/Ne me vaut le soleil rayonnant sur la mer ».
Et puis un autre (extrait) :
« Le coucher du soleil romantique » « Que le soleil est beau quand tout frais il se lève/Comme une explosion nous lançant son bonjour !/Bienheureux celui-là qui peut avec amour/Saluer son coucher plus glorieux qu’un rêve !«

« On sait moins que le fameux ouvrage fut imprimé à Alençon (Orne) par Auguste Poulet-Malassis. Sensiblement du même âge, les deux hommes s’étaient connus à Paris, en 1850, au Quartier latin. Poulet-Malassis avait été admis deux ans plus tôt à l’école des Chartes. Ils aimaient se retrouver dans le milieu de la bohème parisienne.
Baudelaire appelait affectueusement son ami alençonnais « Coco mal perché».
Son père décédé, Poulet-Malassis revient à Alençon pour s’occuper de l’imprimerie familiale. Il est vite apprécié pour la qualité de son travail au point qu’on parle à l’époque de ses « livres racés, à la typographie élégante. C’est de l’Orne aujourd’hui que nous vient la lumière ». L’homme apporte du sang neuf à l’édition. Il est reconnu pour son esprit anticonformiste, son courage et son aptitude à découvrir des talents. Il édite Théophile Gautier, Leconte de Lisle, Jules Barbey d’Aurevilly… En février 1857, Baudelaire lui confie son manuscrit des Fleurs du Mal. La correction des épreuves dure quatre mois. Baudelaire ne cesse de remanier ses textes, d’intervenir sur la mise en page. Il s’acharne à faire respecter l’originalité de la ponctuation « qui sert à noter non seulement le sens mais la déclamation ».
Les lettres quasi quotidiennes qu’il adresse à son ami durant cette période sont remplies de récriminations en tous genres. « Je le sais, je vous le répète, combien on se rend haïssable par ces taquineries-là ; mais j’ai pris votre établissement très au sérieux et, vous-même, vous m’avez avoué une fois que vous pensiez comme moi qu’en toute espèce de production il n’y avait d’admissible que la perfection.» Auguste Poulet-Malassis s’en agace souvent mais, aussi perfectionniste que son commanditaire, il se soumet. Lors du procès, il écope aussi d’une amende. Les deux hommes resteront liés jusqu’au bout. Baudelaire appelait affectueusement son ami alençonnais «Coco mal perché». (Extrait O. France du 21/06/2007 F. Donal)
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Et si par hasard, vous cherchiez à vous recueillir sur la tombe de Charles Baudelaire, vous la trouverez au cimetière du Montparnasse à Paris. Mais, il a deux adresses posthumes. Il faut tout d’abord chercher la tombe du Général Aupick, (son beau-père qu’il détestait) décédé en 1857, quelques semaines avant la parution des « Fleurs du Mal ». C’est là que repose le poète. Tandis que l’épitaphe du Général Aupick comporte dix lignes, celle de Charles Baudelaire (orphelin de père à l’âge de six ans) ne comporte que deux lignes : « Charles Baudelaire, son beau-fils, décédé à Paris, à l’âge de 46 ans, le 31 août 1867 » sans même mentionner qu’il était poète ! – L’autre lieu où se recueille la plupart des fans de Baudelaire est juste un monument vide, qui avait été érigé au jardin du Luxembourg à sa mémoire, en 1892, et ensuite déplacé au cimetière du Montparnasse en 1902.
Librairie Doucet Le Mans/M. Christine
« Les fleurs du Mal » – 408 pages – prix : 4.90 € (livre de poche) – (publié le 24/03/21)