Un livre très touchant et plein de délicatesse
« L’histoire du Vietnam est très peu racontée dans les livres, parce qu’on n’avait pas la chance de le faire, on n’avait pas les moyens pour le faire. Et donc, il fallait passer par des témoignages et Kim Thuy a pu écrire ce livre grâce aux témoignages, à ces gens qui n’ont plus peur de parler de leur expérience en tant que soldat à l’intérieur de l’armée du nord du Vietnam et évidemment de l’armée du sud du Vietnam parce qu’à 80 ou 90 ans on n’a plus peur de la censure. » précise Kim Thuy lors d’une interview.
« La vie est un combat, la tristesse entraîne la défaite » (dicton que l’on pouvait lire sur le tableau noir de la salle de classe de la mère de l’auteure, qui était institutrice)
Présentation : La vérité de cette histoire est morcelée, incomplète, inachevée dans le temps et dans l’espace. Elle passe par les colons implantés en Indochine pour y exploiter les terres et les forêts. Par les hévéas transplantés et incisés afin de produire l’indispensable caoutchouc. Par le sang et les larmes versés par les coolies qui saignaient les troncs. Par la guerre appelée « du Vietnam » par les uns et « américaine » par les autres. Par les enfants métis arrachés à Saïgon par un aigle volant avant d’être adoptés sur un autre continent. C’est une histoire d’amour qui débute entre deux êtres que tout sépare et se termine entre deux êtres que tout réunit : une histoire de solidarité aussi, qui voit des enfants abandonnés dormir dans des cartons et des salons de manucure fleurir dans le monde entier, tenus par d’anciens boat people.
Avec ce livre, Kim Thùy nous découvre, au-delà des déchirements, l’inoubliable pays en forme de S qu’elle a quitté en 1975 sur un bateau.
Par petites touches et par de courts chapitres, à travers des prénoms, Kim Thuy nous raconte tout en finesse et sans prétention cette tranche d’Histoire, cette guerre du Vietnam qui deviendra celle d’Indochine. Elle nous raconte avant tout, l’amour qui surgit où on ne l’attend pas, les orphelins qui survivent, l’héroïsme des personnes qui les ont aidés, la résilience des réfugiés. Un roman sublime écrit avec beaucoup de délicatesse, sans jugement ni concession.
30 avril 1975 : fin de la guerre du Vietnam. En 2025, le 30 avril sera un mercredi, comme en 1975. Le cinquantième anniversaire sera certainement un grand évènement pour tous les Vietnamiens.
Librairie Doucet Le Mans/M. Christine
Kim Thùy vit au Québec. Diplômée en droit, elle exerce différents métiers : couturière, interprète, avocate ou encore chroniqueuse culinaire – avant de se consacrer à l’écriture. Paru en 2010, « Ru » devient un best-seller, traduit dans plus de vingt-cinq pays. Après « Mán » (2013) et « Vi » (2016), « em » est son quatrième roman. Elle a reçu plusieurs prix dont le Prix littéraire du Gouverneur général 2010, et a été l’une des quatre finalistes du Nobel alternatif en 2018.
em – 155 pages – prix 15 € (parution février 2021)