Les chiens d’Istanbul – Catherine Pinguet

des rapports entre l’homme et l’animal de l’Antiquité à nos jours

Un livre étonnant, un peu déroutant, sur les chiens d’Instanbul du XVIIe siècle à nos jours, vivant en meutes hiérarchisées respectant les limites des autres meutes, le plus souvent avec la bienveillance des habitants, mais aussi parfois leur hargne, leur colère, leur violence. Objets également à plusieurs reprises de l’intérêt de gouvernements, essentiellement en vue d’organiser leur éradication totale, que ce soit d’abord sous l’Empire Ottoman sur le déclin ou à l’époque « Jeunes Turcs » et après, tour à tour sous la pression de scientifiques dogmatiques, un peu trop bien intentionnés d’un côté, des ligues de protection de l’animal de l’autre…

S’il regorge d’anecdotes amusantes, pittoresques mais aussi cruelles, c’est également un livre fort bien documenté qui nous amène à réfléchir sur la place de l’animal en milieu très urbanisé, mais peut-être aussi et avant tout sur le comportement humain en général et à son égard en particulier. Le panorama de ses rapports avec l’homme au travers des grandes religions monothéistes, chez les Chrétiens et les Juifs au regard successivement de l’Ancien et du Nouveau Testament, et aussi chez les Musulmans, ne laisse pas de surprendre par ses contradictions au fil des temps et à l’intérieur d’une même religion sur le caractère sacré ou non, sur la pureté ou non de l’animal, le soin qu’il faudrait peut-être en prendre et pour quelles raisons..

L’auteure naturellement aborde l’Antiquité, notamment égyptienne avec Anubis, le dieu à tête de chien ou de chacal gardien des nécropoles, protecteur des morts, et les nombreuses momies de chiens ou autres animaux retrouvées par les archéologues. Elle nous entraîne également jusqu’à Baltimore et fait référence à la Déclaration Universelle des Droits de l’Animal qui pour rester à Istanbul a été ratifiée par la Turquie en 2004.

LIBRAIRIE DOUCET LE MANS/Hubert.

Catherine Pinguet, née en 1965, a vécu douze ans à Istanbul, où elle a enseigné dans plusieurs universités. Chercheur associée à l’équipe de recherche Etudes turques et ottomanes du CNRS, elle est l’auteur d’un essai sur le soufisme et la littérature populaire en Turquie ? « La folle sagesse » (éditions du Cerf). Elle est notamment l’auteur d’« Istanbul, photographes et sultans 1840-1900 » (CNRS éditions, 2011) et de « Les « îles des Princes ». « Un archipel au large d’Istanbul » (Empreinte, 2013) « Salonique 1870-1920 » (CNRS éditions)

Quatrième de couverture : « Les chiens des rues, à Istanbul, eurent longtemps droit de cité, avant d’être raflés par milliers en 1910 puis expédiés sur un îlot désert de la mer de Marmara, où ils s’entredévorèrent. Comment a-t-on pu en arriver là ? Quels furent ensuite les rapports qu’Istanbul entretint avec les chiens qui peuplent toujours ses rues, alors que seuls les chiens tenus en laisse arpentent les trottoirs des villes de l’Ouest ? Réponses au fil de cette promenade anthropologique, historique et littéraire qui conduit de l’Antiquité à nos jours et non seulement à Istanbul mais aussi, en contrepoint, à Baltimore, Londres et Paris. Érudit et sensible, cet essai révèle que la place faite au chien éclaire l’état et l’organisation de nos sociétés. »

Les chiens d’Istanbul – 218 p. – prix : 15 € – (parution : 17/04/2008)

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