Alexandra Kollontaï, quelle femme et quel destin !

A travers le dernier ouvrage d‘Hélène Carrère d’Encausse, et en 277 pages, nous allons découvrir le destin de cette femme exceptionnelle, d’origine russe : Alexandra Kollantaï, un personnage méconnu mais qui nous permet de comprendre la révolution russe de 1917. C’est ainsi, qu’en accompagnant cette femme, Hélène Carrère d’Encausse, spécialiste du monde Russe, a choisi de ne pas laisser Alexandra Kollantaï dans l’oubli !.
« Aristocrate russe, elle rejette très tôt son milieu, son pays et choisit la révolution et le monde. Révolution de 1905, exil, prison, agitation clandestine, et, en 1917, elle est aux côtés de Lénine. Elle fait partie de son premier gouvernement, ministre -commissaire du peuple- alors qu’en Europe les femmes n’accéderont à cette fonction, et rarement, qu’après la Seconde Guerre mondiale. Puis, cinq ans plus tard, elle devient la première femme ambassadeur que l’histoire ait connue. »
D’un milieu aisé de Saint Pétersbourg (Pétrograd), A. Kollantaï était excellente oratrice et parlait quatre langues, elle était contre la peine de mort, elle s’intéressera au sort malheureux des ouvriers d’usine comme à celui des ouvrières. Très féministe au fort caractère, elle a su s’imposer dans un monde d’hommes. Elle est ainsi l’une des initiatrices en 1909, de la journée de la femme le 8 mars !. Kollantaï sera nommée à des postes prestigieux, envoyée par Lénine comme ambassadrice en Norvège. Puis à partir de 1924 viendra Staline, auprès de qui elle travaillera…
A Stockholm, lors d’une promenade en forêt à l’abri d’oreilles dévouées à Staline, elle confiera lors d’une discussion avec Marcel Body (diplomate français communiste en Norvège) ce commentaire : « Nous devons nous contenter d’exécuter ce qu’on nous dicte. Entre mes collaborateurs et moi il n’y a ni camaraderie ni amitié. Nos rapports sont froids et la méfiance est partout. » Et elle ajouta : « J’ai compris que la Russie ne pouvait passer de l’obscurantisme à la liberté en quelques années. La dictature de Staline, ou d’un autre qui aurait pu s’appeler Trotski, était inévitable. Cette dictature fait couler beaucoup de sang. Mais sous Lénine, beaucoup de sang, et sans doute beaucoup de sang innocent, coulait déjà. » (p. 244/245) – Puis devant l’effarement de Body, elle insista : « Staline, lui dit-elle, craint plus que tout la guerre avec Hitler et cherche à détourner son attention sur les Occidentaux, pour cela, il est prêt à traiter avec lui. » Tout cela au péril de la vie de Kollantaï.
Ce récit est passionnant. On apprend énormément de choses sur la vie de cette femme mais aussi sur ces évènements dramatiques qui ont traversé la première moitié du XXème siècle en Russie et l’Histoire de notre continent.
LIBRAIRIE DOUCET LE MANS/M-Christine
Historienne de la Russie, auteur de « L’Empire éclaté », Hélène Carrère d’Encausse , membre depuis 1991, de l’Académie française dont elle est Secrétaire perpétuel depuis 1999, a notamment publié aux Editions Fayard « Le Malheur russe », « Nicolas II », « Lénine », « Les Romanov », « Six années qui ont changé le monde, 1985-1991 », « Le Général de Gaulle et la Russie », « La Russie et la France ».
Alexandra Kollontaï – La Walkyrie de la Révolution – 312 pages – prix : 23 € (parution : 10/11/ 2021)