Mozart était une femme – Histoire de la musique classique au féminin – Aliette de Laleu – Éditions Stock –

« Mozart était une femme » d’Aliette de Laleu, journaliste spécialisée en musique classique, chroniqueuse sur France Musique

Que se cache-t-il derrière ce titre d’abord malicieux, incongru, que d’aucuns pourraient trouver racoleur, voire sacrilège ? Titre qui aurait pu tout aussi bien être Schumann, Mendelssohn ou Mahler était une femme !… Tout d’abord et simplement que ces quatre noms, de génies de la musique, peuvent et même doivent être déclinés au féminin pour parler de Maria Anna la grande sœur de Mozart, de Clara l’épouse de Schumann, Fanny la grande sœur de Mendelssohn et d’Alma l’épouse Mahler, qui toutes étaient de grandes musiciennes, instrumentistes, chanteuses, interprètes et même on l’a bien oublié : compositrices. C’est l’un des grands mérites de ce livre passionnant de nous rappeler que ce n’étaient pas que des ombres dans l’ombre d’un génie.

Au-delà de ces quatre personnages, c’est aussi et avant tout la place des femmes dans la musique et ce depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours, en passant par le Moyen-Age, la Renaissance, le siècle de Louis XIV, la Révolution française, le Romantisme, le XXème siècle qu’Aliette de Laleu nous évoque, passant en revue les « bonnes » raisons tantôt religieuses, politiques, voire de prétendue infériorité ou de bienséances qui ont au long des siècles contrarié et cantonné trop souvent les musiciennes, instrumentistes, chanteuses, interprètes et cheffes d’orchestre dans l’ombre.

Ce panorama, l’auteure s’excuse presque de l’avoir fait si court et d’avoir dû choisir, mais il est merveilleusement incarné notamment par Sappho seule compositrice de l’Antiquité dont le nom et des textes nous soient parvenus, Hildegard von Bingen au Moyen-Age, Francesca Caccini fille de compositeur et compositrice elle-même à l’époque baroque, Elisabeth Jacquet de la Guerre la claveciniste préférée du Roi-Soleil, Hélène de Montgeroult aristocrate qui pendant la Révolution sauve sa tête, semble-t-il, en improvisant la Marseillaise au piano-forte et qui sera finalement la première femme professeure au futur Conservatoire de Paris et, plus près de nous Lili Boulanger, Clara Haskil, Lily Laskine et j’en passe, plusieurs d’entre elles étant également d’immenses pédagogues. Ce livre passionnant est aussi l’occasion d’en découvrir bien d’autres, ou les redécouvrir pour les musiciens ou musiciennes, musicologues et mélomanes les plus avertis…

Cet ouvrage a aussi un autre grand mérite, chaque fin de chapitre est dotée d’une « playlist » qui permet d’aller au-delà de sa simple lecture et se donner le plaisir supplémentaire d’écouter : soit des œuvres tout simplement exhumées des bibliothèques ou des archives et sorties de l’oubli, soit de remarquables musiciennes enregistrées en studio ou en concert pour les plus contemporaines d’entre-elles.

A lire absolument.

Librairie Doucet Le Mans/Hubert

Aliette de Laleu est journaliste spécialisée en musique classique. Elle tient depuis 2016 une chronique hebdomadaire sur France Musique, où elle déconstruit les clichés, parle de féminisme et explore les musiques traditionnelles.

« Mozart était une femme » 280 pages – prix : 20,50 € – (parution février 2022)

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