Ces rêves qu’on piétine – Sébastien Spitzer – Editions de l’Observatoire

ces rêves queQui était Magda Goebbels ? (2)

Ecoutez Charlotte Bouniot (CB) et Nathalie Pelletey (NP) sur France Bleu Maine en cliquant ici 

Nous sommes dans les derniers jours de la guerre 39-45 et l’on va suivre deux personnages, deux récits. – Le premier est celui d’AVA, une petite fille qui sort des camps d’Auschwitz. Les camps sont libérés les uns après les autres. Ce qu’il faut savoir quand on libère les survivants de ces camps, c’est qu’ils sont lâchés dans la nature, dans cette Pologne complètement dévastée. On ne sait plus qui est qui ? On se méfie de tout le monde. Les gens que l’on croise peuvent être d’anciens nazis transformés en rescapés, voire en soldats américains… donc, tous sont méfiants. Ils sont vêtus de peu et de vêtements sales. AVA errera dans cet accoutrement avec deux personnes dans la Pologne, serrant dans sa besace, qu’elle a réussi à garder, un rouleau de cuir contenant des lettres écrites à l’intérieur du camp, par des prisonniers survivants ou non, des lettres pour témoigner ce qu’ils ont vécu. Et elle serre cet étui, comme un trésor. AVA n’a jamais connu la vie à l’extérieur. Elle est née dans le camp d’Auschwitz car sa mère divertissait les officiers nazis. Et l’on suit parallèlement, le deuxième récit, celui de Magda Goebbels qui s’enfermait avec son mari, Chef de la propagande nazie et ses six enfants, Hitler et sa maîtresse, le médecin, toute la garde rapprochée, dans ce fameux bunker. Sachant que la fin est proche, ils se donneront tous la mort. Magda Goebbels a endormi tous ses enfants. (Quand on est mère, c’est inconcevable !)  A partir de cette vie dans le bunker, l’auteur va remonter l’histoire de cette femme hyper-ambitieuse, machiavélique, rentrée au parti nazi un peu par hasard, car elle pressentait qu’en ces lieux, elle aurait du pouvoir, qu’elle pourrait exister en tant que femme. On apprendra que Magda Goebbels a eu un beau-père qui était juif, qu’il l’a élevée comme sa fille, avec qui elle a partagé beaucoup de souvenir et jusqu’à la fin de la guerre, elle va le renier, l’effacer. Il y a un lien entre ces deux femmes. Ce qui est très curieux et très bien construit dans ce livre c’est qu’on suit AVA qui sort de l’horreur, dégageant une beauté et une humanité tandis que Magda Goebbels qui a vécu dans le confort et la facilité, il s’en dégage une froideur, un machiavélisme, une inhumanité. Passant de l’une à l’autre, c’est un vrai jeu de construction de la part de l’auteur, ce qui est assez intéressant et son écriture est belle.

Sébastien Spitzer est journaliste. Il a une formation d’historien. Il s’agit de son premier roman. Il a fourni  un énorme travail de recherche pour écrire ce livre qui rencontre beaucoup de succès et ce fut un immense plaisir d’échanger avec lui, vendredi dernier (20/10), à la librairie.

CB : Se plonger dans ce livre, c’est se plonger dans une page de l’histoire qui est très douloureuse. On pourrait comprendre que certains lecteurs sont un peu réticents. Pourquoi l’ouvrir ?

NP : Effectivement, c’est un énième livre sur la guerre mondiale. Mais là, nous sommes sur les derniers jours du régime nazi, où tout va basculer. Personnellement, le bunker d’Hitler je connaissais, je savais qu’ils s’étaient donné la mort. Mais, on apprend beaucoup de cette femme machiavélique auprès de qui l’on passe quelques jours en sa compagnie. Comment en sont-ils arrivés là ? – Comment la vie s’organisait ? Que se passait-il dans leur tête ? Et puis la sortie des camps…., libérés certes, mais comment s’occupait-on des rescapés ? Le cauchemar n’était pas forcément terminé. C’est très intéressant, c’est une période de la guerre qu’on connaît assez peu. Un livre qui apporte des réponses, en tout cas des informations que nous n’avions pas jusqu’alors.

Nathalie/M.Christine

Sébastien Spitzer  journaliste free-lance pour TF1 – M6 ou Rolling Stone. Il a réalisé plusieurs enquêtes sur le Moyen-Orient, l’Afrique et les Etats-Unis. auteur de « Ennemis intimes » , les Bush, le Brut et Téhéran (2006) – aux éditions Privé. Il met en lumière les ombres de Magda Goebbels et de ceux qui tentent de survivre à l’enfer.

« Ces rêves qu’on piétine » (2017) est son premier roman. (Prix 20 € – 310 pages)

 

 

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