« Hier, lundi 6 novembre c’était une grande journée pour la littérature ! Les prestigieux prix Goncourt et Renaudot ont été remis et c’est l’Histoire qui l’a emportée ! »
– Eric Vuillard pour le Goncourt avec « L’ordre du jour » et le Renaudot à Olivier Guez pour « La Disparition de Josef Mengele »
– CB : « On peut voir M. Adélaïde, que ces deux romans sont très inspirés, assez sombres. Au-dessus, plane l’ombre du nazisme ».
– MAD : IN-CROYABLE ! Alors, déjà grande surprise ! Parce que ce sont deux outsiders, revenus sur le devant de la scène, qui ont déjoué tous les pronostics… Deux thèmes sur la montée du nazisme.
– Dans « L’ordre du jour », on va voir comment Hitler et tous ses ministres ont réussi à retourner toutes les valeurs économiques des sociétés -tous ceux qui avaient de l’argent– pour les faire adhérer à ce parti, à ce Troisième Reich et comment appuyer sa conquête du « monde », sur cette manne financière qu’il a appuyée jusqu’à la fin de la guerre.
C’est un court roman, très très bien construit, sur justement cette montée du nazisme, à la fois économique, difficile, brutale et à la fois sur des considérations complètement rocambolesques, comme la grande panne générale des Panzers lorsqu’ils ont envahi l’Autriche.
Voyez, Eric Vuillard joue sur ces deux tableaux pour nous raconter l’Histoire. C’est un récit historique brillantissime avec une écriture magique.
CB : c’est brillant, même si cela a déjoué vos pronostics, vous l’avez dit ! »
– Quand à Olivier Guez pour « La Disparition de Josef Mengele – On est dans un style plus journalistique, il faut le dire, à tous ceux qui voudraient le lire.
MAD : Là aussi, encore une surprise, il faut le dire ! Signalons qu’il s’agit d’un premier roman, ! Olivier Guez est journaliste. Il veut témoigner de l’horreur. Il veut témoigner, toujours dans ce même esprit. On en a parlé dans de nombreux livres : Ne pas oublier ! Ne pas voir ! – Les membres du jury ont peut-être été influencés par ce qu’on entend, par la montée de ces mouvements, un peu extrémistes, parfois par ces retours, à ces formes de brutalité.
CB : L’actualité a joué, vous pensez ?
MAD : On pourrait se poser la question !
– Olivier Guez traite lui, d’un homme : Josef Mengele, c’est le bourreau des bourreaux, le médecin qui pratiquait des essais dans les camps de concentration, médecin qui a réussi a passé à travers les mailles du filet. Il n’a pas été arrêté, ni tué. Il s’est échappé en Amérique du Sud où il a bénéficié de complicités. Accueilli à bras ouverts par le régime de Perón (en Argentine) qui n’était pas du tout opposé aux théories nazies et qui se voyait bien refaire quelque chose, dans ce domaine. Il a également été aidé par l’argent de sa famille. C’était une famille, encore une fois, de financiers allemands, possédant beaucoup de biens mais qu étaient bien contents de s’en débarrasser, en raison de ce nom et prénom encombrants qui auraient eu des répercussions sur leurs affaires, après la guerre. Donc, il partira en 1949 et ne mourra qu’en 1979, en échappant à chaque fois aux poursuites, parce que bien évidemment le Mossad et les Wiesenthal vont essayer de le rattraper pour qu’il puisse répondre de ses actes et de ses faits, mais à chaque fois il passera à travers les mailles du filet. Mengele vivra à moitié fou, dans une propriété en ayant construit un mirador pour voir arriver l’ennemi ! Puis il meurt noyé en 1979.
C’est cette épopée incroyable de Mengele, entre l’Argentine et le Brésil, que va nous raconter Olivier Guez.
Marie-Adélaïde/M.Christine
Emission de France Bleu Maine du 7 novembre à réécouter en cliquant ici.
La Dispartion de Josef Mengele – 230 pages – 18.50 €
Olivier Guez est l’auteur, entre autres, de « L’Impossible retour« , « Une histoire des juifs en Allemagne depuis 1945 » (Flammarion (2007, Champs 2009), « Eloge de l’Esquive » (Grasset- 2012) et « Les Révolutions » de Jacques Koskas (Belfond- 2014 – Livre de poche 2016). Il a reçu en 2016 le prix allemand du meilleur scénario pour le film Fritz Bauer, Un héros allemand. – « La Grande Alliance » (Flammarion, 2003 – Champs 2004)