FACE A FACE AVEC  UN FAUVE !

images« L’ours est parti depuis plusieurs heures maintenant et moi j’attends, j’attends que la brume se dissipe. La steppe est rouge, les mains sont rouges, le visage tuméfié et déchiré ne se ressemble plus. Comme aux temps du mythe, c’est l’indistinction qui règne, je suis cette forme incertaine aux traits disparus sous les brèches ouvertes du visage, recouverte d’humeurs et de sang : c’est une naissance, puisque ce n’est manifestement pas une mort. » (p.13)

Ce deuxième livre de Nastassja Martin anthropologue, spécialisée dans les populations arctiques, au fin fond des terres sibériennes, est un récit autobiographique qui  se déroule sur quatre saisons. Elle étudie les peuples nomades, animistes du Kamtchatka où elle vit en osmose avec eux, complètement en phase avec leur environnement et leur mode de vie, dans un habitat réduit, au fin fond de la forêt. La famille des Evènes dans laquelle elle s’est si bien intégrée, est devenue sa deuxième famille, au point d’y vivre  et de renouer avec les pratiques ancestrales et leurs rites animistes. 

Suite à un événement qui lui est arrivé en 2015, l’auteure nous livre sous forme de récit, un texte nourri de mythes et de rêves qui se déroule sur quatre saisons. Lors d’une sortie alors que Nastassja Martin part seule dans les montagnes, elle rencontre un ours qui l’attaque au visage, lui emportant une partie de sa mâchoire mais par chance, la bête lui laisse la vie sauve, car il est plutôt rare de s’en sortir vivant !. Elle est complètement défigurée. Elle va nous raconter la reconstruction de son visage, ses opérations successives en Russie et en France. Une expérience que cette jeune anthropologue a vécu dont elle choisit de faire une aventure merveilleuse !

Ce texte bouleversant, à la lecture exigeante, où la philosophie que l’auteure en retire, offre bien des interrogations que chacun de nous peut développer….., pouvant nous faire réfléchir à notre avenir d’humains sur cette planète qui est entrain de s’effriter, à notre mode de vie, à notre harmonie avec la nature que nous sommes entrain de voir disparaître. 

 Née en 1986, Nasstassja Martin est anthropologue diplômée de l’EHESS et spécialiste des population arctiques. Elle est l’auteure d’un essai, tiré de sa thèse de doctorat dirigée par Philippe Descola, « Les âmes sauvages » : « Face à l’Occident, la résistance d’un peuple d’Alaska (La Découverte, 2016), ainsi que d’un documentaire, co-réalisé avec Mike Magidson, Tvaïn (Point du jour/Arte). Croire aux fauves est son premier récit.

« Croire aux fauves« – prix 12.50 € – 150 pages (parution janvier 2020)

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