UNE DOUCE HISTOIRE A L’ÉCRITURE TOUT EN DÉLICATESSE
UNE ROSE SEULE. Quand on lit l’histoire, on comprend mieux, car la rose, effectivement c’est la fleur et nous allons parler JARDINS, mais c’est surtout une jeune femme qui s’appelle ROSE ! Muriel Barbery est une auteure que l’on a connue il y a pratiquement vingt ans avec « Une gourmandise » (en 2000) et surtout pour « L’élégance du hérisson » (en 2006). Elle était partie vivre au Japon et elle revient avec un livre qui m’a émue aux larmes, qui m’a donné immédiatement envie de lire et relire, de réciter ses phrases à haute voix. C’est un texte absolument magnifique ! C’est une invitation au voyage, une ode à la beauté, à l’éveil des sens, parce que nos yeux, notre odorat, notre goût… Tout va être sollicité !
Je vous emmène avec Rose. Elle est botaniste. Elle vient de perdre son père. Sa mère est décédée depuis un certain temps. Ce père, elle ne l’a jamais connu. Il vivait à Kyõto et le notaire l’appelle. Elle sera au rendez-vous et toute sa vie en sera bouleversée. Elle va découvrir cette culture japonaise. Ce sens du beau. Tous ces temples, les arbres en fleurs, le sens absolument parfait de mise en place d’un jardin et des grains de sable, le saké, très important dans l’histoire, la cuisine. Elle va probablement rencontrer l’amour, mais par-dessus tout, elle va réfléchir sur ce que peut être le DON, le DON entre deux personnes, même s’ils n’ont pas eu la chance de se rencontrer. Comment peut-on offrir quelque chose ? On verra que ce père aura préparé le plus beau des dons pour sa fille. Elle avait un prénom prédestiné, elle avait choisi la botanique mais ce qui est exceptionnel, Muriel Barbery nous dit qu’elle a vécu à Kyõto, qu’elle a adoré cette ville, mais qu’il lui a fallu du temps pour avoir la force d’écrire, pour avoir la force de nous transmettre. Ce texte est exceptionnel ! Exceptionnel dans la douceur, dans la beauté que cela suggère, dans ces temples, ces arbres en fleurs. Cette brume, l’ordonnancement parfait de ces jardins ZEN !
Extrait : « La musique des pins l’enveloppa comme une liturgie, la noya dans les branches griffues, les torsions en pointe d’aiguilles souples ; une atmosphère de cantique flottait, le monde s’aiguisait, elle perdait la notion du temps. La pluie reprit, fine et régulière, elle ouvrit son parapluie transparent – quelque part en lisière de sa vision, quelque chose s’agita. Ils passèrent le porche, il y eut un autre coude vers la droite puis, devant eux, une allée. Longue, étroite, bordée de buissons de camélias et de rampes de bambous par-dessus une mousse argentine, cernée, à l’arrière, de hauts bambous gris, surplombée d’un arceau d’érables, elle menait à un portail à toit de chaume et de mousse où on avait planté des iris et où s’alanguissait la dentelle des feuilles. C’était, en réalité, plus qu’une allée ; un voyage, se dit Rose ; une voie vers la fin ou vers le commencement. » (p. 67)
C’est merveilleux ! Vraiment, je vous invite à lire ce texte qui est un petit bijou !. C’est très agréable d’avoir des pépites comme ça qui ressortent de la rentrée littéraire et Muriel Barbery en fait partie à tous les coups !
Marie-Adélaïde de la librairie Doucet sur France Bleu Maine en compagnie de Delphine en cliquant ici !
Une rose seule – 160 pages – prix : 17.50 € – (parution le 19/08/20)
Marie-Adélaïde/M.Christine
Muriel Barbery vit en Touraine. « Une rose seule » est son cinquième roman après une « Gourmandise » (en 2000) – « L’élégance du hérisson » (en 2006) – « La vie des elfes » (2015) – « Un étrange pas » (2019)